24 septembre 2014

Dis moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu penses!

Dis moi qui tu bois, je te dirai avec qui tu couche disait René la semaine dernière.  Ce soir j’affrime « Dis moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu penses! ».

Hier, ceux qui suivent la formidable twittosphère camerounaise ont forcément été informés du hacking dont a été victime le site de l’Asssemblée Nationale. On était unanimes : il faudrait que l’Etat cesse les attributions fictives des marchés et fasse enfin appel aux VRAIS professionnels formés pour.

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ScreenShot hacking du site de l’Assemblée nationale du Cameroun. Copyrights @samvicked

Ce matin, comme à l’accoutumée, je me cale sur mes oreillers pour suivre la quotidienne revue de la presse sur Canal 2 International. Et surprise !!!

Une de Le Messager du 24 septembre 2014. Copyrights : Alain Ndom
Une de Le Messager du 24 septembre 2014.
Copyrights : Alain Ndom

What a F*** ! A quel moment une histoire de Hacking s’est transformée en motion de « soutien » homosexuelle ? Surfons-nous tant sur les vagues du sensationnel et de la bêtise? Pour qu’il soit plus facile de biaiser une vérité que de la restituer ? De parler d’Homosexualité (dont on n’a qu’une vison écornée par les clichés rafistolés cà et là) que d’éduquer le citoyen camerounais sur les techniques d’internet qu’il assimilait, il y a quelques années encore, à un vaste réseau de proxénétisme ?

Les conséquences qui pourraient découler de ces Unes des feuilles de choux brouillon, en quête d’un lectorat désabusé, dans un pays où la population a déjà du mal à prononcer « Homosexualité », associé à la quantité importante de titrologues que forment les benskineurs sont à craindre. Et lorsque plus tard, les médias étrangers, suite aux actes et décisions engendrées par ces écrits titrera «les camerounais sont homophobes », les mêmes journaleux trouveront que c’est une tentative de déstabilisation de son « Etat de paix » alors que tout serait parti de cette Une volontairement fantaisiste.

Ce qui me choque encore plus, c’est le silence complice de ceux qui savent. Ceux qui cachent leur refus d’agir derrière l’exécrable « On va faire comment ? ». Ceux pour qui Biya est éternellement coupable. Prions donc que Dieu Biya retrouve son fils pour nous insuffler le Saint-Esprit de la véracité des faits afin que le peuple soit béni par l’information.


Le sub-saharien est un éternel peureux, un tantinet fébrile. De ce qu’il ne sait pas. Combiné à la mésinformation, on se retrouve dans ce qu’on a connu au début des années 2000.

Au début de la décennie en effet, au moment où le camerounais x prend conscience de la réalité VIH, un court métrage sur la prévention du sida auprès de plusieurs couches de la population produit en Côte-d’Ivoire va scotcher des milliers de téléspectateurs devant leurs écrans cathodiques. Son nom ? « Sida dans la cité ». Ce téléfilm ivoirien et produit par PSI-Côte-d’Ivoire  en  partenariat  avec  USAID et ONUSIDA  présente quelques camionneurs dans leur quotidien, confrontés au principal  dilemme  de  la  croyance  ou  non  en  l’existence  du   sida.

L’objetif était de sensibiliser les téléspectateurs sur l’importance de l’adoption des comportements sexuels sains quel que soit notre rang social, notamment le port correct et systématique du préservatif si mes souvenirs sont bons. Mais comme le sub-saharien ne retient que le négatif, il n’a gardé de « Sida dans la cité » que le personnage de Sérapo, prototype parfait du sidéen séropositif. Un être maigrelet, tuberculeux, tacheté et dont le décès est toujours précédé de diarrhées soudaines avec dans son sillage, ses partenaires de plaisirs mondains.

Une psychose générale s’est installée. Des pavillons implicites ou explicites ont été créés dans les hôpitaux et dans les domiciles. La « cité sidéenne » est passée pas loin tant on isolait les porteurs du virus dans « leur malchance ».

Raison? Les Unes fantaisistes, outilisées et instrumentalisées comme celle de ce matin. Des faits ancrés dans la mémoire de tous car malgré la multitude de solutions existantes, la vie du camerounais normal s’arrête lorsqu’il est dépisté séropositif. Tout ce qui est annoncé est pris comme vérité, sans autre forme de vérification. Chacun sélectionne ce qui lui plaît, entend ce qui lui convient, croit ce qu’il veut. Ce soir donc, de nombreux ménages auront retenu, sur haute instruction du coq de la basse-cour de retour du tournedos, son Fédéral Bureau of Information où il aura analysé et décortiqué uniquement la titraille sur du « soya » arrosé de bière que « l’Assemblée Nationale soutient les homosexuels ».

C’est à cause de ce devoir d’information détourné que le chemin vers l’émergence sera long, douloureux mais surtout vain car les mentalités changeront difficilement en Afrique. Nous surfons sur les vagues de la superficialité et de la facilité inconscientes. Je veux bien une titraille sensationnelle. Tant que les mots s’amusent des faits. Tout autre exercice intellectuel imprimé n’est que manipulation.

En définitive, je pense que les africains n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. La presse qui leur ressemble. Et ensemble, ils auront le futur qu’ils auront bâti.

Soit dit en passant, le Hacking ou bidouillage désigne les activités visant à détourner un objet de sa fonction première. En informatique, il désigne l’ensemble des techniques visant à relever des failles et vulnérabilités d’un élément ou d’un groupe d’éléments, matériels ou humains. Il a pour but de résoudre ou d’aider à résoudre des problèmes. Et entre nous, les problèmes du Cameroun se trouvent ailleurs que dans les pratiques sexuelles conscientes et privées de ses citoyens. Et puisque selon l’imagerie populaire camerounaise, les « pédés » usurpent les postes grâce à leurs pratiques honteuses, je me demande : qui a vraiment hacké le site de l’Assemblée Nationale du Cameroun hier and WHAT NEXT ?

Shalom !

 

 

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