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La troisième vie du parcours Vita Douala

Être journaliste/blogeur, c’est exposer sa vie à tout bout de champ. Lorsque l’on a un sujet de billet, il vaut mieux s’y atteler et le publier.

Depuis deux mois, j’avais en effet programmé un reportage sur le deuxième décès du parcours Vita Douala. A ce moment là, il était dans un état défraichi, la peinture blanche semblable au papier Canson collé cà et là. Le parcours en lui désormais parsemé d’embuches crées par dame nature. Bref, un spectacle désolant dans un pays de sport et de sportifs. Encore visible hier dimanche 28 septembre 2014.

Vue actuelle d'un tronçon du parcours vita à Douala
Vue actuelle d’un tronçon du parcours vita à Douala

La pluie aidant, je me suis retrouvée à 2mois d’inactivité sportive avec des kilos en trop pour cadeau. Au moment où je me décide (enfin) à le faire, il me faut risquer un arrêt cardiaque (en faisant le tour) pour constater que les gars ont devancé mes intentions et comblé la majorité des trous.

Heureusement que j’avais prévu un plan B. Le A est toujours d’actualité certes mais je préfère parler de la 3e vie du parcours Vita. L’histoire raconte que le parcours a vu le jour en #Jenaipascherchél’année. Il a été réhabilité courant 2011. Ce qui se passe en ce moment, c’est ce tout que j’ai choisi de choisi de décortiquer parcelle par parcelle. Suivez le guide.

C’est l’atelier de rafistolage le plus élevé de la ville: on rafistole tout. Les trous, les parcours, les obstacles, la peinture, les épreuves… à cout de boue géante ou de contre-plaqué teinté en bleu. La ou c’est compliqué, on crée un nouveau parcours

Rafistolage du parcours Vita à Douala
Rafistolage du parcours Vita à Douala

C’est le Paris-Bercy de Douala. Pas de Roumanoff ou de Beyoncé. Ici, Charlotte Dipanda, Flavour ou Stanley Enow drainent du monde à la faveur des spectacles organisés par les promoteurs de la capitale (vidéos youtube stanley). Nonobstant les caprices de dame nature. J’ai payé donc je reste.

Une vue du public au concert de Zaho
Une vue du public au concert de Zaho

Il est aux églises dites réveillées (ou endormies ça fait quoi ?) ce que TB Joshua est aux nigérians. Un vaste temple de figuration pour les jours sans gloire et les nuits sans espoir. Veillées de prière et autres soirées de délivrance s’y succèdent à « miracles en veux-tu voilà ». En journée, elles vendent aussi des livres ou distribuent des tracts.

Représentants évangelistes au parcours vita
Représentants évangelistes au parcours vita

Ce sont les multiples villages de l’ouest déportés à Douala le temps d’un week-end. Funérailles, réunions, cassations de la tontine, … Au moins ici, les routes ne sont pas barrées. C’est pratique pour gérer la diaspora qui a souvent du mal à rentrer au village.

Et c’est surtout le nouveau marché des produits de fitness. Ginseng, gingembre, citron, températures, équipement,…. On y trouve de tout à la portée de toutes les bourses. Vous n’aurez plus de raison de vous défiler.

C’est le verger où les arbres fruitiers germent au jour le jour sur des bassines posées à même le sol. A quand le verger réel ?

C’est le Disneyland de Douala. Mieux que happy sport ou le défunt manège (je crois hein). Les enfants y jouent a attrape-moi si tu peux. Les adultes à embrasse-moi si tu veux ;

Balades sur le lac
Balades sur le lac

C’est le Venise des Douala(lac et promenades), parc d’attractions. Les amoureux se bécotent sur les pagodes dans le lac de fortune. A défaut du vrai, le faux sert aussi nor ?

La foire promo des affiches : écoles, entreprises et même listes électorales. C’est une vaste place publique où la meilleure offre se trouve les meilleurs clients.

C’est le plus grand espace de speed-dating au monde. Le 123love.direct. La mecque de Meetic. L’éventail est large. Ici, tu peux évaluer à quelles effluves seront parfumés tes draps après la gymnastique « litique ». Formule d’attaque : « On fait le parcours ensemble ? » ? Vous croyez que tous les moulants que portent les hommes et femmes là c’est toujours pour le sport ? Quand ce n’est pas le moniteur, c’est le DG d’une obscure société qu’elle vise pour sa cadette, pour son argent ou simplement pour sa vanité personnelle.

Vue du parcours vita
Vue du parcours vita

Et puis enfin, et avant tout, c’est la plus grande salle de fitness de la ville avec des ateliers et des moniteurs adaptés à tous âge et à tout genre. Le lieu ou je vais souvent écumer mes cuites de la semaine et admirer toutes ces personnes s’étirer sous la douleur des exercices ou me titiller l’odorat avec leurs parfums procurés par l’effort. Ou certains abandonnent en sueur et ou d’autres essayent tant bien que mal de perdre les kilos acquis par la consommation exagérée de Guinness. Car tout celà, le Parcours Vita Douala.

Shalom !

 


Dis moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu penses!

Dis moi qui tu bois, je te dirai avec qui tu couche disait René la semaine dernière.  Ce soir j’affrime « Dis moi ce que tu lis, je te dirai ce que tu penses! ».

Hier, ceux qui suivent la formidable twittosphère camerounaise ont forcément été informés du hacking dont a été victime le site de l’Asssemblée Nationale. On était unanimes : il faudrait que l’Etat cesse les attributions fictives des marchés et fasse enfin appel aux VRAIS professionnels formés pour.

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ScreenShot hacking du site de l’Assemblée nationale du Cameroun. Copyrights @samvicked

Ce matin, comme à l’accoutumée, je me cale sur mes oreillers pour suivre la quotidienne revue de la presse sur Canal 2 International. Et surprise !!!

Une de Le Messager du 24 septembre 2014. Copyrights : Alain Ndom
Une de Le Messager du 24 septembre 2014.
Copyrights : Alain Ndom

What a F*** ! A quel moment une histoire de Hacking s’est transformée en motion de « soutien » homosexuelle ? Surfons-nous tant sur les vagues du sensationnel et de la bêtise? Pour qu’il soit plus facile de biaiser une vérité que de la restituer ? De parler d’Homosexualité (dont on n’a qu’une vison écornée par les clichés rafistolés cà et là) que d’éduquer le citoyen camerounais sur les techniques d’internet qu’il assimilait, il y a quelques années encore, à un vaste réseau de proxénétisme ?

Les conséquences qui pourraient découler de ces Unes des feuilles de choux brouillon, en quête d’un lectorat désabusé, dans un pays où la population a déjà du mal à prononcer « Homosexualité », associé à la quantité importante de titrologues que forment les benskineurs sont à craindre. Et lorsque plus tard, les médias étrangers, suite aux actes et décisions engendrées par ces écrits titrera «les camerounais sont homophobes », les mêmes journaleux trouveront que c’est une tentative de déstabilisation de son « Etat de paix » alors que tout serait parti de cette Une volontairement fantaisiste.

Ce qui me choque encore plus, c’est le silence complice de ceux qui savent. Ceux qui cachent leur refus d’agir derrière l’exécrable « On va faire comment ? ». Ceux pour qui Biya est éternellement coupable. Prions donc que Dieu Biya retrouve son fils pour nous insuffler le Saint-Esprit de la véracité des faits afin que le peuple soit béni par l’information.


Le sub-saharien est un éternel peureux, un tantinet fébrile. De ce qu’il ne sait pas. Combiné à la mésinformation, on se retrouve dans ce qu’on a connu au début des années 2000.

Au début de la décennie en effet, au moment où le camerounais x prend conscience de la réalité VIH, un court métrage sur la prévention du sida auprès de plusieurs couches de la population produit en Côte-d’Ivoire va scotcher des milliers de téléspectateurs devant leurs écrans cathodiques. Son nom ? « Sida dans la cité ». Ce téléfilm ivoirien et produit par PSI-Côte-d’Ivoire  en  partenariat  avec  USAID et ONUSIDA  présente quelques camionneurs dans leur quotidien, confrontés au principal  dilemme  de  la  croyance  ou  non  en  l’existence  du   sida.

L’objetif était de sensibiliser les téléspectateurs sur l’importance de l’adoption des comportements sexuels sains quel que soit notre rang social, notamment le port correct et systématique du préservatif si mes souvenirs sont bons. Mais comme le sub-saharien ne retient que le négatif, il n’a gardé de « Sida dans la cité » que le personnage de Sérapo, prototype parfait du sidéen séropositif. Un être maigrelet, tuberculeux, tacheté et dont le décès est toujours précédé de diarrhées soudaines avec dans son sillage, ses partenaires de plaisirs mondains.

Une psychose générale s’est installée. Des pavillons implicites ou explicites ont été créés dans les hôpitaux et dans les domiciles. La « cité sidéenne » est passée pas loin tant on isolait les porteurs du virus dans « leur malchance ».

Raison? Les Unes fantaisistes, outilisées et instrumentalisées comme celle de ce matin. Des faits ancrés dans la mémoire de tous car malgré la multitude de solutions existantes, la vie du camerounais normal s’arrête lorsqu’il est dépisté séropositif. Tout ce qui est annoncé est pris comme vérité, sans autre forme de vérification. Chacun sélectionne ce qui lui plaît, entend ce qui lui convient, croit ce qu’il veut. Ce soir donc, de nombreux ménages auront retenu, sur haute instruction du coq de la basse-cour de retour du tournedos, son Fédéral Bureau of Information où il aura analysé et décortiqué uniquement la titraille sur du « soya » arrosé de bière que « l’Assemblée Nationale soutient les homosexuels ».

C’est à cause de ce devoir d’information détourné que le chemin vers l’émergence sera long, douloureux mais surtout vain car les mentalités changeront difficilement en Afrique. Nous surfons sur les vagues de la superficialité et de la facilité inconscientes. Je veux bien une titraille sensationnelle. Tant que les mots s’amusent des faits. Tout autre exercice intellectuel imprimé n’est que manipulation.

En définitive, je pense que les africains n’ont que les dirigeants qu’ils méritent. La presse qui leur ressemble. Et ensemble, ils auront le futur qu’ils auront bâti.

Soit dit en passant, le Hacking ou bidouillage désigne les activités visant à détourner un objet de sa fonction première. En informatique, il désigne l’ensemble des techniques visant à relever des failles et vulnérabilités d’un élément ou d’un groupe d’éléments, matériels ou humains. Il a pour but de résoudre ou d’aider à résoudre des problèmes. Et entre nous, les problèmes du Cameroun se trouvent ailleurs que dans les pratiques sexuelles conscientes et privées de ses citoyens. Et puisque selon l’imagerie populaire camerounaise, les « pédés » usurpent les postes grâce à leurs pratiques honteuses, je me demande : qui a vraiment hacké le site de l’Assemblée Nationale du Cameroun hier and WHAT NEXT ?

Shalom !

 

 


Les USA ne sont pas un supermarché géant

Avant toute chose, mes ami(e)s, sachez que je vous aime. A un niveau insoupçonné par vous. Mais comme vous le savez, les récits littéraires sont inspirés par le quotidien de l’auteur. Et vous, vous faites partie du mien ;

De retour depuis une semaine de mon séjour à San Francisco, j’ai longtemps hésité sur ce qu’il fallait coucher sur la vierge page de Word. Ma vie de nécessiteuse à cause de mes bagages égarés (et toujours pas retrouvés) ? Mon séjour incroyable en compagnie de mon meilleur ami ? Les activités de la conférence à laquelle j’étais conviée? Mon frustrant contact avec le racisme au pays de la liberté ? Chacun de ces sujets ferait un sujet intéressant j’en suis certaine. Surtout le dernier. Malheureusement, je ne suis encore meurtrie. Et si ma paresse habituelle n’a pas le dessus sur moi, j’y reviendrai.

Une vue du Golden gate
Une vue du Golden gate

La raison de ce billet est tirée de mon ressenti après mes deux retours des États-Unis. Et je le redis, les USA NE SONT PAS UN SUPERMARCHÉ GÉANT !!!

Plantons le décor.

Acte 1.Décembre 2013. Destination USA. Etat : New-York. Ville : Manhattan.

Une vue de Manhattan
Une vue de Manhattan

Requêtes : « Je veux la photo de Beyoncé avec toi ». « Ramène moi le casque « Beat by Dre » ». « Fais un tour sur l’Empire State ». « Va voir la statue de la liberté ». « Ramène moi un iphone ». » Je veux la tablette Ipad ». « Ramasse seulement les Ipods qu’on trouve au sol là, tu viens donner pour moi ». « Pardon je veux toucher la neige ». « Garde moi l’Américain. Le gars avec qui je suis ici n’est qu’un test ».

Welcome to New-York
Welcome to New-York

Interdiction de rire.

Acte 2. Août 2014. Destination : Etats-Unis. Etat : Californie. Ville : Ukiah.

une vue d'Ukiah
une vue d’Ukiah

Requêtes: « Garde moi la photo du Golden Gate ». « Pardon achète moi la Goddasse du dernier mondial là ». « Tu peux me garder deux casquettes sans trous derrière et rien écris dessus? Tout noir et un tout blanc? » « Comme tu ne m’as rien gardé la dernière fois,je veux seulement l’Iphone qui va sortir là ».

Une vue de Lake City, Ukiah
Une vue de Lake City, Ukiah

Et les demandes ne sont pas satisfaites, tu es passible de crime amical. C’est-à-dire une bouderie infinie à laquelle j’ai fini par devenir insensible.

Il est donc de bon ton, j’estime, de procéder à des mises au point. Et mes dires n’engagent que MOI.

Primo, prendre l’avion ne veut dire aller « Shop-per ». Aussi nombreuses que soient les échoppes. On y va pour apprendre, partager nos expériences et essayer de ramener du positif. Pour l’émergence en 2035. Au Cameroun, on court après nos frères qui réussissent. Chez eux, ils courent après leurs rêves. Ils n’ont pas l’énergie pour attendre ce qu’ils n’ont pas mérité.

Secundo, l’avion n’est pas une armoire. Un billet d’avion, ca se paie (même si ce n’est pas vous). Et les kilos supplémentaires aussi. Malheureusement, je ne peux pas encore m’offrir ce luxe. Et quand je pense que même le simple timbre d’aéroport au Cameroun (dont j’ignore la pertinence) personne n’a encore payé,… Donc quand vous commandez là, ayez à l’esprit, surtout si l’on n’est pas très proche, que vous faites partie d’une liste et que ce sera à qui pourra.

Enseigne Century 21
Enseigne Century 21

Tertio, et c’est ce qu’il faudrait VRAIMENT retenir, c’est que les USA ne sont pas un gigantesque supermarché. Les USA, c’est un pays divisé en 50 états. Comme l’Afrique en compte 53. Donc potentiel USA (United States of Africa).

Autant 3h séparent le Cameroun de la Côte-d’Ivoire, autant 5h sépare Washington de Californie. Décalage horaire en prime. A Tunis comme à San Francisco, je suis certaine de compter les noirs qui marchent dans les rues.

Moi. A New-York
Moi. A New-York

A New-York, je peux trouver des marques. En Afrique du Sud également. A Ukiah, je trouve de bons articles à vil prix. Au Cameroun, seul Dieu sait ce qu’on nous sert dans les prêt-à-porter. Je ne peux pas voir le désert du Sahara depuis Douala ni admirer le Grand Canyon depuis le One world trade center.

Ukiah city
Ukiah city

Aux USA, il existe aussi des villes retirées, à des heures des grandes métropoles, des travaux (IMMENSES) à tout va. Ce qui fait la différence entre le Cameroun, Afrique en miniature (je le connais mieux) et les USA est à venir dans un billet.

Donc avant de demander quoi que ce soit, faites au moins l’effort de connaitre la vie de l’Etat dans lequel se rend votre pair. Et surtout, ne négligez AUCUN présent. Vous n’avez rien payé pour le mériter. A défaut, on en reparlera à votre propre retour. Un jour.

D’ici là, je ne m’excuse pas de n’avoir rien ramené.

Shalom!