Magali Wora : Le métier de manager d’artiste n’est toujours pas considéré comme un « VRAI » boulot
Elle est inconnue du grand public. Normal vous dirais-je. Le public retient les stars. Les aficionados retiennent les faiseurs de stars. Et Magali en est une. De passage dans la capitale économique dans le cadre d’un atelier de renforcement des capacités, cette jeune dame de 32 ans au long passé de manager d’artistes a bien voulu nous accorder cet entretien. Découvrons-la voulez-vous ?
1. Peux-tu te présenter aux internautes?
Alors je m’appelle Magali Palmira WORA. Je suis née le 17 septembre 1981. Je suis de nationalité Gabonaise et je slalomme depuis 2012 entre Libreville et Lomé.
2. As-tu un surnom ?
Je n’ai aucun surnom… Sauf ceux que mes proches me donnent. Lol.
3. Quelle est ta profession ?
Je suis manager culturel.
4. Comment y es-tu arrivé ?
Durant 5 ans j’ai fonctionné sur le tas avec les informations prises sur Internet et les orientations de certains grands qui jouait déjà ce rôle. Après j’ai suivi deux formations courtes à l’Irma (Paris) sur le métier de manager et d’entrepreneur de spectacle. J’ai suivi une autre formation courte avec Optimist Produxion (Dakar) sur la Régie Générale de spectacle. La plus longue a été celle avec le Goethe Institut et InstitutfürKulturKonzept (Hambourg) sur le management culturel. Je suis encore dans des perspectives de formations universitaires donc il y a aura des diplômes qui vont s’ajouter. .. Lol.
5. A quel moment la passion s’est-elle transformée en profession ?
La passion pour la musique puis la culture en général s’est transformée en profession quand j’ai réalisé que j’avais mis trop de temps à travailler dans le secteur culturel et que je n’arrivais plus à rentrer dans un système très administratif et bureaucrate. Par ailleurs, j’ai réalisé que j’ai développé plus d’aptitude dans ce domaine que dans un autre. A ce niveau de réflexion, je me suis dite que le mieux pour moi c’était donc de me professionnaliser dans ce domaine, suivre des formations de perfectionnement, pour mieux faire mes preuves.
6. Quelles sont les différentes étapes que tu as traversé dans ta carrière ?
J’ai d’abord longtemps été manager d’artistes hip-hop. Notamment Naneth, Movaizhaleine, Secta’a etc…De 2001 à 2011 environ. Et puis après j’ai aspiré à faire autre chose sans me déconnecter totalement de ma précédente activité principale. Je me suis donc tournée vers le booking, l’évènementiel. Mais étant continuellement contacté pour manager des artistes et ne pouvant être sur plusieurs dossiers à la fois, j’ai désormais à cœur de former d’autres managers d’artistes par des ateliers de perfectionnement.
7. Quelles sont les difficultés auxquelles tu as été confronté ?
Le métier de manager d’artiste n’était pas et n’est toujours pas souvent considéré comme un « VRAI » boulot. Les artistes ont longtemps pensé que nous n’étions que des exécutants. En outre, être une femme ne m’a pas souvent favorisé. On s’attend à une femme soumise, sans histoire qui ne nous contredira jamais, et si possible qui écartera les cuisses promptement. Ce qui n’est pas moi. J’ai des idées très précises sur ce que je veux, sur ce que je vaux, et ce que j’attends des autres notamment rigueur, discipline, honnêteté.
8. Comment as-tu réussi à les surmonter ?
Il n’y a que la passion et la foi en ce qu’on fait qui permet de rester connecté dans ce que nous faisons. Il y a beaucoup d’autres que ça soit hommes ou femmes qui ont baissé les bras. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais quand il y a une famille à gérer, des bébés en route, un loyer à payer. C’est clair que je comprends tous ceux qui ont changé d’orientation. Pour ma part, je pense être faite de musique et d’art, je n’avais d’autres choix que de continuer de croire et me battre pour mes idéaux…
9. Quel poste occupes-tu aujourd’hui ?
Je suis toujours manager général de ma propre boite, REAL BLACK MUSIC. Mais je suis également « French Africa Manager » pour le label Rockstar4000, le premier label de management et de booking de Sony Music Africa.
10. Décris nous une journée avec toi
Une journée avec moi commence par un moment privilégié avec DIEU (soit dans la prière, la louange, la lecture de la Parole de Dieu, ou l’écoute de Confessions Bibliques). Après je m’attèle aux tâches ménagères en général. Puis soit je vais honorer mes différents rendez-vous, soit je travaille à l’écriture des projets à mettre en place, ou je fais le suivi de mes dossiers en cours avec mes collaborateurs. J’ai une équipe restreinte de 3 collaborateurs. En fonction des jours, je finis mes journées à l’église dans mes activités chrétiennes dans la mesure où je suis une des responsables du groupe de louange de l’Eglise que je fréquente.
11. Quelles sont tes différentes réalisations ? Lesquelles te rendent le plus fier ?
Ce serait difficile pour moi de donner des réalisations dont je suis fière car chaque projet pour moi a été une belle aventure je suis fière de toutes mes réalisations même pour celles qui ont été les plus difficiles. Il est vrai que mes ateliers de formation au management artistique restent les réalisations qui m’excitent le plus dans la mesure où j’ai un vrai feeling pour la formation, pour l’enseignement.
12. Quels sont tes rêves ? A quoi aspires-tu ?
Je rêve à plus de considération pour la culture, l’art et les professionnels évoluant dans ce domaine fussent-il urbain. Je rêve à plus de professionnalisation du secteur culturel Africain. Je rêve à la culture comme vecteur de développement pour les Pays Africains. Je rêve à la prise de conscience des jeunes de leurs potentiels. Les politiciens ne feront pas de l’Afrique un continent fort, ce sont les jeunes et leur passion et leur détermination qui changeront les choses.
13. Qu’est-ce qui te met hors de toi ?
Le fait de sous-estimer les autres à leurs apparences. Le manque de volonté pour se battre, le défaitisme, le pessimisme. Le mode de pensée qui considère les artistes et les professionnels de la culture comme des mendiants qui ne gagneront jamais correctement leurs vies. Mais ceux qui me désole le plus ce sont les jeunes qui s’adonnent aux drogues (alcool, cigarette, cannabis…)
14. Tu as droit à un coup de gueule. Pousse-le
J’en ai tellement… Lol. Mais il serait bien que les politiciens arrêtent de considérer la culture et l’art juste comme un banal divertissement pour égayer leurs soirées dansantes. Mais qu’ils considèrent avec plus d’attention le secteur culturel. Très souvent on découvre un pays que par le biais d’un artiste ou d’un sportif…Je n’ai jamais mis les pieds en Mauritanie, mais je sais que ce pays a un rappeur mortel du nom de Waraba…Par conséquent, la culture mérite ses lettres de noblesses.
De même les artistes et les professionnels de la culture doivent se fédérer, parler le langage de la solidarité, de l’objectif commun, au lieu des objectifs individuels et égoïstes, devenir des interlocuteurs de référence pour les politiques. Cela ne servira à rien de se cogner les uns avec les autres. Les professionnels de la culture doivent s’entendre avec les gouvernements. Ce n’est pas souvent une entente aisée mais c’est une entente indispensable.
15. Un détail que tu n’as encore confié à aucun journaliste ?
Euh… Je suis in love de Jésus…J’apprécie d’avoir une relation étroite et intime avec Dieu. C’est mon plus grand et plus beau privilège.
Commentaires