Quand la rumeur fait l’information

Article : Quand la rumeur fait l’information
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30 octobre 2013

Quand la rumeur fait l’information

« La vengeance est un plat qui se mange froid » ! J’adhère et je d’ « accorise » totalement. Un mois plus tard, me voici avec mon billet.

A l’occasion de la capture des Moulin –Fournier au Nord-Cameroun, le Cameroun a fait la une, reconnu comme maître de la « rumeur informative », néologisme créé.

Dans un groupe de médias auquel j’appartiens, un membre reprenait une erreur commise par un journaliste sportif « très sérieux ». Il affirmait : Bell et Nkono n’ont jamais figuré sur la même feuille de match avec les lions indomptables. Pauvre de ma jeunesse, je ne m’en souviens pas. Internet a tôt fait de me mettre à niveau.

Il y a 9 ans, le Grand-père national a sorti traité d’« Apprentis sorciers» la rumeur relayée par les journalistes qui le donnait pour mort entre le 04 et le 06 juin 2004. Je me souviens encore du trouble silencieux qui se lisait sur les visages.

Wèèè ! Pourquoi même aller loin ? Ce n’est pas la rumeur qui a fait du départ de Samuel Eto’o une information officielle et qui a déchaîné les passions et fait couler l’encre ? Le capocanonniere, adepte des communiqué de presse n’avait fait aucune déclaration. Au point où on a vu d’un mauvais œil la visite à son futur beau-père. Quoi ? Vous ne le savez pas ?C’est la rumeur hein ! Elle dit que Brenda en serait amoureuse. En tout cas, il était sur le terrain à Tunis.

Crédit image Google
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Massa !Dans cette ambiance, lorsqu’une information me parvient, je reste stoïque. Jusqu’à ce que j’ai recoupé l’information. Brebis galeuse a plus de valeur que brebis honteuse.

Et j’ai bien failli m’y prendre le mois dernier à l’occasion du prestigieux concours dénommé « Miss Monde » dont la ville de Bali en Indonésie était l’hôte. Durant cette période,  je suivais avec beaucoup d’assiduité la revue de la presse sur la « 2 » verte. Les différents décrochages à Yaoundé ne cessaient de saluer avec beaucoup d’insistance et de sourires niais le parcours de Valérie Ayéna, la très imprévisible « Miss Cameroun 2013 ». – J’écris ça je ne dis rien – . Chaque jour ou presque, à l’occasion de ladite revue, elle faisait un nouveau pas vers la couronne finale. Lorsqu’ils l’ont annoncé finaliste du concours, j’ai eu un petit picotement. L’affaire-là devenait sérieuse. Il ne fallait pas manquer le scoop. Je compose le numéro de l’un de mes contacts, expert en scoop interdits.  La sentence est immédiate : « ce sont des conneries que les gars des médias racontent ».

Je lui dit « Mbom, la « 2 » verte a dit. Tu sais, la chaîne du gars dont la femme était scrutateur dans le centre de vote du Grand-père ». Il redit : ce sont des histoires. Après une fouille minutieuse de la toile, je rétorque : Cameroun Tribune,  journal du Cameroun, Au Feminin ont aussi écrit hein ! Il persiste et signe l’indien « Elle n’est finaliste d’aucun Miss Monde. La finale c’est samedi (on était lundi) ». Faut quand même avouer que je suis tête de mule hein!

Le gars avait quand même une go reine des planches. Le doute a été semé dans ma tête. Comme pour attester, si besoin était, l’étendue de son savoir, il m’envoie par BBM (Blackberry Messenger, gadget addict oblige) le lien du site officiel du concours. Le seul lien que je n’avais pas ouvert dans ma quête de la vérité.  En anglais ! Les quelques mots qui échappaient à mon cerveau francophone, translate.google.com a fait le boulot.

Je parcours le site. La Ayéna nationale est (ou était) finaliste oui, mais du concours « Top Model », un des cinq challenge de l’élection Miss monde. Une petite précision qui avait échappé aux Kongosseurs.

Exploration faisant, je découvre le concours dans toute son étendue : 1 mois de compétition, 127 candidates, 5 challenges, 1 lauréate. Depuis le 28 septembre, elle est philippine. Son nom : Megan Young. Titre attribué à l’issue d’une soirée haute en couleurs au départ de laquelle on retrouvait les 127 compétitrices. Six jeunes femmes ont franchi la ligne d’arrivée et seules trois ont été primées : Megan Young,  et ses dauphines, Marine Lorphelin 1èere dauphine et Naa Okailey Shooter, choisies pour leur parcours et la pertinence de leur projet.

Les cinq challenges sont celui du Top ModelSportsMultimediaBeach Fashion, and Beauty with a PurposeA ces derniers, la très chère Miss nationale n’a atteint le top 12 que sur le talent challenge. Même pas celui du sport quand on sait la réputation qu’on nous connait. Je vous donne le soin de prendre connaissance du classement définitif ici

Et dire que des « titrologues » sont à l’affût de ces « failles », tels des lions guettant leur proies. Des failles qui vont déchainer des passions et par la suite tenir en haleine les populations au point de les détourner des véritables problèmes de leur quotidien. Dans ce contexte,  je ne sais que faire, qui lire, qui écouter, qui croire.

by decorticom.wordpress.com
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Je crois pourtant qu’il nous incombe de s’assurer de la véracité des faits que l’on publie. Une information non confirmée ou non recoupée devrait être traitée au conditionnel. On l’apprend tous à l’école de blogging journalisme il me semble.

S’il nous plait, avant de porter à la une le divers du bar, prenons la peine de recouper et traiter les informations commentaires qui nous parviennent. Diffuser des informations dont on n’a pas la certitude contribue à construire la haine, la jalousie et favorise calomnies et médisances sur autrui. Internet nous permet de faire des recherches à des coûts dérisoires. Pourquoi ne pas l’exploiter à bon escient ?

Shalom !

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Commentaires

fxkens
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Hi hi hi t'a pas idées de l'ampleur de ce que tu publie la ma chère; l'information commentaire du bar comme tu le nomme a fait des mort, et continue de faire de multitude de malheureux... puisse ton post ouvrir les yeux de certains...

Roméo Taka
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J'ai lu et adoré ce billet... j'ai ri un bon coup en découvrant ce croquis qui décortique le cycle infernal de la rumeur... je ne sais pas si c'est une spécificité camerounaise, mais nous avons une tendance naturelle a prendre pour argent comptant tout ce que nous venons d'entendre au quartier, au bar, au salon de coiffure, chez le voisin, etc.; çà concerne autant ce qui relève de la sphère privée, que les faits qui intéressent l'opinion publique... A l'heure ou les réseaux sociaux et Internet rentrent de plus en plus dans nos voies de consommation de l'information, les médias traditionnels (je veux parler ici du journal de 20h de la CRTV ou même de la dernière édition du Messager) sont encore considérés ici comme les sources les plus crédibles. Si ces derniers devaient eux-aussi commencer à négliger un des principes de base du journalisme, et devenir des usines de propagation de rumeurs, eh bien... c'est clair qu'on court à la catastrophe..!
Le sujet est vraiment traité avec beaucoup d'humour; j'étais encore un ado à l'époque, mais je me souviens de la rumeur de la vraie-fausse mort du Nkukuma comme si c'était hier :) J'y ai cru, moi aussi; je me souviens même avoir poussé un soupir (un peu coupable, je l'admets hein...) de soulagement, avant d'apprendre que ce n'était qu'une grosse blague...
Sinon, pour élargir le débat.. ne penses-tu pas que la profusion de sources potentielles d'information, notamment sur Internet, rend le travail des journalistes du Mboa un peu plus compliqué? Je ne parle pas de ceux qui ont déjà pris le train du numérique et qui en maîtrisent les outils sur le bout des doigts. Je parle plutôt de la vieille garde (qui ne compte pas que des vieux, d'ailleurs). Ils doivent se sentir un peu perdus...
Merci..! ;)

Ivy
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+++++
bien dit miss Bass!!!

babylas serge de SOUZA
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Je croyais à une affaire de sorcellerie à l'africaine, ce qui m'a beaucoup effrayé. Mais après lecture de ton billet, je suis rassuré: il est bel et bien d'apprentis sorciers. Dont acte!

Paul Armand
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Très bon billet.
Le problème est bien posé et bien illustré.
Il ne nous reste qu'à en vraiment prendre connaissance.
Parce qu'au fil des amalgames, on finit par hérisser la médiocrité et l'ignorance en valeurs.
Chapeau frangin.