Histoire d’un prix
Pour ceux qui me suivent sur Facebook ou Twitter, ils savent que depuis quelques jours, je suis lauréate du concours Yvan Amar organisé à l’occasion de la venue du chroniqueur de RFI au Cameroun. Vous savez, le mec de RFI qui connaît tous les mots et expressions françaises. Ne demandez surtout pas votre part du prix pardon. Elle repose au fond du Wouri. Avec les poissons. Quoi ? Ce sont des choses qui se consomment congelées. Hum ?
Et puis bon, ce n’est pas le sujet de ce billet. Non! Je veux parler du timing des recruteurs et de tous ceux qui détiennent la vie de milliers de personnes au bout de leur maigre coup de fil ou de leurs courts emails. Oui ! Ces personnes qui une fois arrivées oublient (très vite) les difficultés rencontrées pour se retrouver là. Ce n’est pas parce qu’on a envoyé nos costauds CV dans vos maigres boîtes mail que nos vies tournent désormais autour de votre bon vouloir. Non ! Je refuse.
Vous devez vous poser la question : mais qu’est-ce qui arrive encore à cette fille ! Hé bien c’est par rapport à l’accident que j’ai risqué en recevant le coup de fil de l’IFC pour ce prix.
Mardi 1er octobre 2013, 9h du matin. En pleine vaches maigres, je sors de chez moi, mon sac à dos ou il faut. Je vais me ravitailler en films et musique chez un petit frère à qui je dois encore 1000f de crédit de communication. A peine sur la moto qui prend son élan –Vitesse Harley Davidson, marque King Kong – mon téléphone sonne. Numéro masqué. Je décroche en me disant que c’est l’un de mes amis qui travaille chôme au pays des blancs.
Allo ? Ce n’est pas mon ami ; c’est la voix d’un « white ». Un ancien « chaud » qui veut aussi me donner le visa ?
Il parle tellement vite que je perds quasiment la première partie de ses propos, IFC mis à part. Je tapote le conducteur, il s’arrête. En toute honnêteté, j’ai dû user d’un subterfuge dont je me rappelle plus pour qu’il reprenne la teneur de son coup de fil : vous faites partie des lauréats du concours Yvan Amar.
Il ne s’arrête pas là. Yvan Amar enregistrera une émission spéciale « La danse des mots » avec les lauréats. Je dois donc être à Yaoundé le lendemain mercredi 02 octobre. Il insiste. Ils aimeraient m’avoir. Vous avez déjà gagné au loto et on vous annonce que le retrait se fera ailleurs que dans votre ville ? Même à pieds vous irez. Bien qu’il me rassure que les frais seront remboursés, il fallait déjà trouver ceux qui permettraient d’être à Yaoundé.
Je raccroche ! Appelle quelques dragueurs que j’avais relégués aux oubliettes, promets le gazon maudit à mon retour à d’autres afin de collecter la somme nécessaire (suppléments inclus) pour effectuer le déplacement. Ma persévérance a gain de cause. Je débarque à Yaoundé mercredi matin. L’émission est enregistrée. Les Guinness descendues sans interruption durant deux jours avec un bloggeur que je ne citerai pas. Ce n’était pas l’argent du prix hein ! On vous connait.
Revenons à nos moutons. Ce coup de fil n’est pas un cas isolé. Ce jour-là, j’étais sur la moto. Une fois je me souviens, je prenais mon bain après le match intense que je venais de livrer quand j’ai eu des nouvelles d’un CV. Mon pote lui était au village (la vie est dure en ville) lorsqu’on lui annonça que l’un des multiples CV déposé avait servi à quelque chose. Et avec ces imprévus, on vous demande d’être professionnel. Que le professionnalisme là t’attendait ? Même les stars ont leur moment de folie hein ! Ce n’est pas pour autant que ça enlève quoi que ce soit à leur nature.
J’ai eu des amis (et dragueurs) qui ont contribué au déplacement. Pensez un seul instant qu’ils n’aient pas été là. J’aurais raté ma chance. Comme des millions de personnes moins vernies. Un ami résidant à Yaoundé avait reçu l’appel à 23h et devait répondre présent à 8h du matin à Douala dans un bureau qu’il ne maitrisait pas. Il n’avait pas de sous. Vous imaginez la suite. Cela ferait partie des tests d’aptitude. Aptitudes de quoi ? Vous ne pouvez pas surprendre quelqu’un et après l’éliminer parce qu’il n’a pas été professionnel !
Vous direz encore Tjat Bass comparer l’ « ailleurs » et l’ « ici » et pourtant il le faut. Il faut copier ce qui est bon. Et non con. Parce que ailleurs, même lorsqu’il s’agit d’un appel à projet, on te spécifie que passée telle date, si tu n’as pas reçu de nouvelles, considères-toi comme cheval non partant. Et même lorsque l’on te retient, on te DEMANDE par mail ta disponibilité. Que ce soit pour un entretien téléphonique ou une interview physique.
Mais ici, rien. Niet. Parfois la secrétaire se rappelle à minuit du coup de fil qu’elle devait te passer en journée. Tu lui demandes si c’est la sorcellerie, la go te dit que tu ne viens pas demain à 8h tapantes (le snobisme jumelé au fait qu’elle se fout du lieu où tu te trouves), tu es purement et simplement remplacé. Un gars a fait failli y laisser sa vie sur l’axe-lourd un jour parce qu’il devait ABSOLUMENT répondre à ces impératifs.
Vous conviendrez avec moi. Nicolas m’a laissé le temps de me rendre à Yaoundé. Mais s’il-vous-plait, recruteurs, gestionnaires, secrétaires et je ne sais quel autre individu chargé de liaison entre les candidats et vos entreprises, donnez des périodes auxquelles vous êtes susceptibles d’appeler les candidats retenus afin de ne pas surprendre quiconque. C’est ma prière.
En attendant, vous trouverez ici les textes des lauréats du concours. Vous pouvez également réécouter (ou télécharger) l’émission ici
Les vidéos sur You Tube sont à venir.
Shalom !
PS : Ce blog est en compétition aux Golden Blogs Awards, catégorie Culture généraliste. Vous pouvez le soutenir ici tous les jours jusqu’au 25 octobre.
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