Bass

Je suis « Pala Pala »

Pendant que Delor Kamgaing obtenait, en solitaire, une victoire temporaire sur l’augmentation du prix du kilowatt au prix de sa santé devant les bureaux de l’Arsel, les apprentis sorciers eux lorgnaient les dessous de nos chères danseuses pour, une fois le gain de cause obtenu par le leader, venir ensuite exprimer leur mécontentement sur les trémoussements de la déferlante Coco Argentee-Mani Bella célèbre au-delà nos frontières.

affiche-musique-obscenesLogo LCCLC, © inconnu

Non, mais sérieux. Au lieu de profiter de vous faire profiter, images à l’appui, de l’incroyable décor dans lequel se déroule la formation du monde de blogs francophones et francophiles à Abidjan, je me suis vue dans l’obligation de sortir de ma réserve. Enfin, d’anticiper, puisque de toutes les manières, j’avais prévu de rédiger une note d’écoute sur  « Trésor », l’album de Coco Argentee dans les bacs depuis le 19 avril dernier. Je l’écoute matin, midi et soir au point de ne rien pouvoir contre le fait de le fredonner. J’aurais quelque chose à redire sur les vidéogrammes, mais là n’est pas le sujet.

affiche_coco_argentee_2014Affiche Coco Argentee, © Bikutsi Attitude

Donc mardi matin, entre deux soubresauts de connexion Internet à Grand Bassam, je tombe sur ce post publié dans le groupe « Le Cameroun c’est le Cameroun ».

post_lcclcPost Le Cameroun c’est le Cameroun, © Tjat Bass

Et là, je me suis posée une question simple qui nous concerne tous : qu’écoutons-nous lorsque nous tenons entre nos mains un album ? Le titre promo ou l’album piraté gracieusement mis à notre disposition ? Par expérience, je sais que l’on s’arrête au titre promo ? C’est à cet unique titre se limite l’analyse d’une oeuvre. Certains titres sont découverts à des occasions ponctuelles et on s’exprime alors : « C’est lui qui a chanté çà ? Ha bon ? Dans quel album ? Quel titre ? »

Jusqu’en 2009, je commettais la même erreur. Mais çà, c’était avant. Avant de découvrir que « Poncer » de Lady Ponce, n’était que la face cachée d’une « Trahison » riche en thématiques diverses et sonorités variées. Que « Pala Pala » n’est que le refrain d’une ode à l’amour savamment dosée à la sauce « Beti », tout comme « Fallait pas » de Coco Argentée. Je n’ai jamais eu de problèmes avec. Ceux qui les achètent, les écoutent et les dansent n’en ont pas aussi. A moins que vous ne soyez religieux. Encore que !

Vous vous plaignez de sexualité à outrance pour vos enfants ? Pensez-vous que son absence vous épargnera l’éducation qu’il VOUS revient de leur inculquer ? Sauf si vous arrivez à suivre leur traque infernale de cyberpornographie, une fois votre dos tourné. De ce que je sais, quelle que soit l’éducation donnée, la destinée d’un enfant, c’est lui qui la fait. Avec ou sans votre consentement. On peut grandir dans un environnement de banditisme et ne jamais avoir volé ne serait-ce qu’un morceau de viande. La meilleure façon de sortir d’une situation embarrassante, c’est d’user d’ironie. En réponse à la question de mon enfant, je répondrai « faire mes devoirs » ou « faire à manger », « la lessive »… Ça s’appelle de l’éducation sexuelle. Elle est fonction du degré de compréhension de l’enfant.

A mon humble avis l’on ferait mieux de changer nos habitudes pour espérer changer celles des autres. Et au risque de vous décevoir, « Pala Pala » a franchi les frontières tout comme « Hein Père » a colonisé le Bénin et le Gabon. Au Togo, au Brésil, en RDC, en Côte d’Ivoire, aucune boîte de nuit ou snack digne de ce nom ne clôt une séquence musicale étrangère sans un mix digne de « Pala Pala ». D’ailleurs, à ma descente d’avion, le collègue blogueur Aphtal a tôt fait de me renseigner sur la santé de cette « pornographie » à Lomé.

N’assimilons par surexposition médiatique favorisée par l’émergence des technologies de l’information et de la communication dont la maîtrise nous échappe à de la pornographie, car les trois (Lady Ponce, Mani Bella, Coco Argentee) que j’écoute ne font rien de plus ou de moins que ce qui se disait avant. K-Tino, Tsimi Toro, Isidore Tamwo, Mbarga Soukous, Racine Sagath, Ntondo mbe. Nous avons TOUS dansé  sur leurs rythmes et écouté leurs chansons. Si certains ont manqué ce passage, je me ferai un plaisir de leur traduire les paroles des ressortissants de la région du centre.

A chaque tribu son identité, sa particularité. Personne ne chantera l’amour mieux que le Douala. Ha Ben Decca, ta discographie est le plus grand recueil de poèmes qu’il m’ait été donné d’écouter. Les filles Bikoko, Asta Njimbe, qui peut tourner les reins mieux que vous ? Isnébo, jusqu’aujourd’hui, j’ai du mal avec ton pas de danse. Quant à toi Carlos K, il faut vraiment stopper l’émergence des « A Pa Dié ».

Chaque musique a son public et rien ne vous oblige à écouter ce que vous n’aimez pas. Personnellement, je déteste les étiquettes. Je défendrai donc avec la même ardeur « Me yen »  de Sanzy Viany, «Kossi A » de Carlos K, « Nkongmondo » de Bantou Massak, « Makaki » de Julius Essoka ou « Made in Cameroon » de Coco Argentee.  Ca s’appelle la richesse culturelle. Et celui qui n’aime pas, « saute et cale en l’air ». 273 ethnies ne vont quand même pas toutes se mettre au Makossa non ?  « La perfection n’appartient qu’à ceux qui ne font rien».

affiche_mani-bellaAffiche « Face à Face », © Enzo Studio

Ce qui me choque dans toutes ces dénonciations, c’est le statut des personnes qui s’insurgent. Souvent bien/mal placées pour comprendre que l’ART ne saurait être jugé. « Il faut bien comprendre que l’art est souvent le reflet du temps qu’il fait. Et chacun sait le temps qu’il fait au Cameroun depuis un certain temps » comme le disait si bien le regretté Stéphane Tchakam .

Et puis même, au lieu de nous bassiner le cerveau avec des appréciations subjectives et personnelles, soulevez-vous contre les VRAIS problèmes de ce pays. Que l’autoroute remplace le sentier qui nous sert d’axe lourd national, que les robinets d’Essos à Maroua en passant par Ngaoundéré et Bamenda soient remplis d’eau. Que les dépouilles de nos défunts cessent d’être semblables à une exposition au soleil dans les morgues à cause des coupures d’électricité légendaires devenues des exemples de Data journalisme partout où besoin se fait sentir.

 

Que l’on enseigne à nos cadets à ECRIRE correctement le français dans les écoles. Que la morale et l’éducation civique reprennent des ailes. Que le Cameroun ne fasse plus 475 000 km2 dans les manuels scolaires en 2013. Que notre pays s’arrime au moins à des standards africains. Ha tiens, que l’Intercity décolle aussi.

Et tant que vous y êtes, militez pour la baisse du prix de la bière afin qu’on la savoure mieux sous les mélodies de ces « pornophiles ». Car c’est seulement après cela que l’on parlera de musique et alors là, je reviendrai sur la critique d’une œuvre musicale comme nous l’a si bien enseigné l’érudit François Bingono Bingono.

envie_de_coco-argenteeConcept « Fallait pas », © Enzo Studio

Shalom !


Prix Découvertes RFI 2014, l’appel à candidatures est ouvert!

L’appel à candidatures pour la 34ème édition du Prix Découvertes RFI 2014 est lancé. Le concours est ouvert à tous les artistes ou groupes musicaux professionnels d’Afrique, de l’Océan Indien et des Caraïbes. Le lauréat bénéficiera d’un prix de 10 000 euros, d’une tournée en Afrique et d’un concert à Paris.

Les artistes ont jusqu’au 15 juin 2014 pour envoyer leur candidature. Ces derniers doivent disposer d’une page personnelle sur Internet ou sur les réseaux incluant un minimum de quatre titres en écoute.

Pris Découvertes RFI 2014 - Logo officiel
Pris Découvertes RFI 2014 – Logo officiel
Depuis 1981, le Prix Découvertes RFI met en avant les nouveaux talents musicaux du continent africain. Au cours des années, ce Prix a contribué au lancement de nombreux artistes qui ont depuis conquis un public international : Tiken Jah Fakoly (Côte d’Ivoire), Amadou et Mariam (Mali), Rokia Traoré (Mali), Didier Awadi (Sénégal)…
Son Jury, composé de professionnels, est chaque année présidé par une personnalité. De Jacob Desvarieux à Youssou N’Dour, Angélique Kidjo, Richard Bona, Passi ou A’salfo, les présidents du Prix Découvertes RFI apportent leur caution et leur expérience à son rayonnement.
 RFI et ses partenaires sont des acteurs  engagés auprès du lauréat qui lui offrent un soutien professionnel et une exposition médiatique. Le Prix Découvertes RFI est organisé en partenariat avec la Sacem , L’Institut français, l’Organisation Internationale de la Francophonie et Deezer.
Incrivez-vous ici


Une voix pour « The Voice »

Chers producteurs, financiers et mécènes de TF1, laissez The Voice tranquille!

The Voice France
The Voice France

La saison 3 a démarré samedi dernier. Et comme vous avez pu le constater, elle a encore battu des records d’audience. Même ma @ChouchouMpacko, adepte des programmes « censés » et productifs s’est prêtée au jeu au point de prendre rendez-vous tous les samedis après le passage de Spleen. Le noir, vous savez, l’artiste accompli aux 03 albums invité pour ces casting à l’aveugle. Ha j’oubliais, il est franco-CAMEROUNAIS.

Spleen-The Voice
Spleen-The Voice

On a tous pris du plaisir. Du moins, à l’occasion de ce premier prime. Avec le nouveau coach Mika et ses talents de séducteur. On était ravis de retrouver Florent Pagny et ses difficultés à attirer un talent. Et la Jen, toujours « Ouf » dans ses coups de cœur. Et Garou, indéfectible séducteur.

The Voice- les coaches 2014
The Voice- les coaches 2014

Vraiment ne nous gâchez pas ce plaisir. On vous connait.

En 2001, vous nous avez tous rendus accros à la Star Ac. Celle qui a revélé le regretté Grégory Lemarchal dont je ne cesse d’écouter la discographie. Un vrai génie. La même émission qui la première année a consacré Jenifer. Tiens, c’est l’un des membres du jury. Je préfère taire mes interrogations sur son choix en tant que juré tant la différence est criarde.

Logo Star Ac7
Logo Star Ac7

Je m’en fous de votre secret story. Depuis Big Boss John, je l’ai surnommé « Sexe story ». Je ne parle pas de KohLanta. Une émission qui me plaisait. J’étais prête à partir en aventure juste pour être reconnue aventurière.  Mais cà, c’était avant de lire que la production payait les candidats. La ferme des célébrités, je ne l’ai jamais connu. Et entre nous, je n’en ai cure.

Vous devez le savoir, la grille des programmes du samedi chez nous ne nous laisse pas trop le choix. Et entre nous, vous savez très bien que c’est nous, africains, qui faisons vos records d’audience. L’Italie, la Grande-Bretagne, la Belgique… bref, vos voisins ont leur The Voice. Pas besoin de s’embarrasser du votre. Ce en dépit du fait que vous arguez sans cesse que l’audimétrie est difficile à mesurer avec les cablo opérateurs. Il faut comprendre. Le tiers-monde fait avec ses moyens de bords. Pour l’instant, c’est du cathodique.

Mais tout ceci ne change rien au fait. Ne touchez pas à The Voice. Ne lui faites pas connaître le triste sort des programmes cités plus haut. Laissez nous profiter des « Ouf » légendaires de Jenifer dont les tenues, plus que l’expertise affolent ma timeline tous les samedis. Laissez-nous nous extasier la maturité musicale dont fait preuve le jeune Mika. Laissez mon séducteur Florent Pagny régaler nos yeux. Et puis laissez le canadien Garou sur son siège.

Permettez-nous de découvrir des Igit, de revendiquer le patriotisme avec nos Emmanuel Djob, savourer les mélodies célestes  compilées par Yoann Freget. Franchement, passez aussi loin que vous pourrez de ce programme et de « Danse avec les stars ».

Ce billet, je l’avais écrit à la suite de la diffusion de la première soirée des auditions à l’aveugle de la troisième saison de The Voice. C’était le 11 janvier 2014. Je ne sais pas pourquoi mais je sentais déjà pointer à l’horizon des « françaiseries » propres à ces télé-crochet.

L’expérience n’a pas menti. A l’issue de la 5e émission, les désistements se multiplient. Les « Team The Voice » s’éclatent. Les téléspectateurs africains, du moins ceux que je connais, crient au scandale, au complot. Absence de surprise, recrutement de talents déjà confirmés, incompétence notoire et reconnue d’un coach. Sans parler des longues plages pub contre lesquelles on n’y peut rien. Bref, il souffle un vent d’échec sur ce programme qui commençait juste à atteindre une vitesse de croisière respectable.

A moins de changements significatifs, la chute est amorcée. So, just wait and see.

Shalom !